mardi 20 avril 2010

Charlie et la chocolaterie - Roald Dahl - 1964

Ce bouquin, je le connaissais vraiment par coeur, et pourtant, il a encore réussi à me faire de l'oeil, avec sa couverture toute jaune, bardée d'inscriptions de toutes les couleurs et de toutes les typos, de dessins de petits personnages bondissants. Il en clignotait le bougre. Vous l'aurez deviné, c'était une édition anglaise. What else?

Et comme d'habitude, j'ai marché à fond.

Charlie Bucket est un très gentil garçon qui adore le chocolat. Mais il ne peut en manger qu'une fois l'an, à l'occasion de son anniversaire - c'est tout ce que son père tourneur de bouchons de dentifrice peut se permettre de lui offrir. Un jour, Willy Wonka, le grand magicien du chocolat, décide d'ouvrir son usine aux heureux détenteurs des cinq tickets d'or, répartis dans cinq barres de chocolat qui peuvent être vendues dans n'importe quel magasin de n'importe quel pays. Bien sûr, les chances pour Charlie de trouver un ticket d'or sont risibles. Bien sûr.

Ce livre a le don de me mettre l'eau à la bouche et de m'émerveiller, avec ses descriptions de friandises avec des noms à coucher dehors. "Wonka's whipple-scrumptious fudgemallow delight" "Wonka's nutty crunch surprise"
Certes, à part nous dire que c'est supercallifragilistiquement délicieux, et qu'il y a des trucs gras et sucrés dedans, ça ne nous dit pas grand chose, mais c'est plutôt tentant non?
Et puis il y a aussi la montagne de friandises impossibles: du gazon mangeable, des glaces qui ne fondent pas, des ballons en sucre, des caramels qui changent de couleur, et plus encore.

Outre le vil appel au ventre, ce livre est une invitation à l'aventure dans ce pays des merveilles qu'est l'usine à chocolat de Willy Wonka - elle est un mélange de parc d'attraction, de maison en pain d'épices et de Centre Pompidou. Je dis bien "aventure", car cette usine est dangereuse: derrière chaque merveille se cache une mauvaise surprise qui peut être fatale, comme auront l'occasion de le découvrir tous les enfants pas sages.
L'usine est très ambivalente, à l'image de son créateur, le génial Willie Wonka, à la fois magicien et sorcier, irritant, charmeur, mystérieux, déconcertant, plein de contradictions. C'est un savant fou, ne se préoccupant que de ses inventions, jamais trop inquiet au sujet de la vie d'autrui, ni même de la sienne d'ailleurs.

Son exubérance contamine l'écriture, très joyeuse, légère, pleine de légèreté, sautillante (une langue peut tout à fait sautiller).
Le texte est très spectaculaire, envahi qu'il est de chansons, de typographies diverses et variées, de dialogues lachés comme des bombes, d'illustrations.

Comme c'était la première fois que je lisais ce livre en anglais, j'ai eu le bonheur de découvrir un chapitre qui n'existe pas dans ma version française. C'est le chapitre 23: "Square sweets that look round". Allez jeter un oeil.

Un vrai plaisir de lecture, un livre qui se déguste et qui en même temps nous emmène sur des montagnes russes.

Un truc qui me fait tiquer quand même: le sort des Oompa Loompas. C'est pas clair cette histoire: ces petites créatures travaillent très dur, dans un endroit dangereux d'où ils ne peuvent sortir, et sont payés en chocolat alors que leur production est censée être mondiale (cette blague!). Le pire, ce sont les expérimentations sur cobayes. Ou alors la galère permettant à Willy Wonka de se dépacer sur son fleuve en chocolat. C'est vraiment inquiétant quand on y regarde de plus près. De toute façon, il y a une certaine jouissance de la cruauté chez Dahl, qui fait dormir quatre grands parents dans un seul lit, expose ce métier absurde de tourneur de bouchon de dentifrice et fait leur fête aux enfants pas sages.

Bonus: Voici un résumé de la version originale du livre: Charlie aussi était un vilain petit garçon, et faisait partie d'un groupe de quinze enfants aussi odieux que lui. Dans cette version, la visite de la chocolatrie n'avait rien d'exceptionnel, puisqu'elle avait lieu tous les samedis. Apparemment, ça n'avait pas plu au neveu Dahl.

6 commentaires:

  1. Ahhh tu m'intrigues avec ce 23ème chapitre!
    Ce livre était mon livre chouchou lorsque j'avais 10 ans. Je le connais par coeur mais il faudrait que je me penche sur la version anglaise maintenant :)

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  2. Non mais c'est quoi ces traductions françaises qui ne traduisent pas TOUT le livre ? C'est quand même lamentable, non ?
    Il faut vraiment que je travaille à devenir bilingue.

    Et j'ai grogné en lisant "Centre Pompidou", cet endroit me désarme tellement je ne comprends pas comment ils ont pu construire un truc pareil. Mais je ne demande qu'à comprendre. Et peut-être que ce jour-là, ça me fera penser à Willy Wonka (ou pas).

    Maintenant, j'ai envie de chocolat.
    Pfff.

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  3. j'aimerai bien savoir pourquoi le chapitre 23 n'est pas dans la version française. C'est dongue ça...

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  4. * Kikine, la version originale fait vraiment redécouvrir le livre! J'avais essayé recemment de le relire en français, et j'avais été déçue. J'avais trouvé ça un peu bébé. Et j'ai retrouvé ça génial en anglais: c'est une langue très dynamique, il y a plein de jeu avec les mots, c'est génial.

    * Erzébeth, pour le coup je ne sais pas si on peut leur en vouloir. Ce chapitre se fonde sur un jeu de mot intraduisible (enfin, j'ai essayé pendant dix minutes de lui trouver un équivalent et ça a plutôt foiré)
    Tu n'aimes pas le centre POmpidou? Moi il me met de bonne humeur à chaque fois que je le vois, tellement c'est du pur délire.
    Et tu sais quoi? Moi aussi je veux du chocolat. Mais c'est pas le genre du pays.

    * Auguri, comme je l'ai dit à Erzébeth plus haut, je pense que c'est parce que le jeu de mot est (vraiment) intraduisible. Enfin, peut-être qu'en s'y mettant tous et en concentrant toutes nos forces...

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  5. Je suis une adepte de Dahl. Charlie est mon préféré vient ensuite Mathilda puis James et la grosse pêche.

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