mardi 8 juin 2010

Cent ans de solitude (Cien años de soledad) - Gabriel García Márquez - 1965


(J’ai pas envie de me faire engueuler. M’engueulez pas.)


Gabriel Garcia Marquez et moi, c’est pas passé, et croyez-moi, j’en suis la première marrie. Cela avait bien commencé pourtant: un couple qui recommence la société à zéro dans une région reculée de Colombie, et qui fonde le village de Macombo. Ce patriarche scientifique fou qui se livre à l’alchimie avec l’or de l’héritage de sa femme. Ce saltimbanque qui fait parvenir au village les dernières inventions magiques du monde civilisé. Cette famille qui s’agrandit, au mépris d’une malédiction liée à un inceste originel.


Bien sûr que tout cela me parle. De plus, GGM est le grand inspirateur de mon bien aimé Salman Rushdie (qu’il soit mille fois béni)(Salman Rushdie, pas GGM), le grand prêtre du réalisme magique, j’aurais du être comblée.


Mais blocage il y a eu. J’ai trouvé l’écriture laborieuse. Je trouvais que l’histoire se construisait péniblement, et que le renfort continu de personnages plus déglingués les uns que les autres ne faisait qu’accentuer cet effort. J’avais l’impression d’être en face d’un livre qui se voulait chef d’oeuvre - très désagréable et gênant comme sensation.


Et je n’ai pas cru aux personnages. Déjà je n’arrivais pas à distinguer qui était qui, et je ne parle même pas du fourmillement de José Arcadio et d’Aureliano dans la famille Buendia. Je n’arrivais même pas à faire la différence entre les femmes.


J'ai trouvé leurs histoires anecdotiques, digne de faits divers, d’un zapping.


Alors voilà, ça m’embête furieusement. C’est typiquement le genre de livre qui devrait me plaire, et ça a fait un gros splosh. (en même temps, c’est peut-être la faute à la température: il faisait plus de 40° ces journées là.) Et je m'en veux, faut pas croire.


Cent Ans de Solitude me fait l’effet d’un chef d’oeuvre raté. Car je reconnais volontiers que c’est un chef d’oeuvre, si on accepte qu’un chef d’oeuvre, c’est ce qui crée ses propres règles, son propre modèle. Or Cent Ans de solitude, c’est un peu le parangon du réalisme magique sud-américain, bien fol est celui qui le nierait.

Je n’ai pas aimé ce livre (enfin, la moitié que j’ai lu), mais il vaut peut-être mieux écrire un chef d’oeuvre raté qu’un bon roman. Il peut rater des rencontres individuelles, mais il ne s’inscrit pas moins dans l’histoire de la littérature.


Voilà votre Renarde qui pratique l’abnégation au nom de l’Art - ça me tirerait presque une larme.


PS: et en plus la couverture est trop moche. J'en grinçais des dents à chaque fois que je reprenais le livre.

16 commentaires:

  1. C'est vrai que la couverture est moche...
    Tu m'inquiètes, je viens enfin de me décider à acheter "L'amour au temps du choléra", après des années à avancer, reculer, etc. Maintenant je ne sais plus...

    J'ai acheté "L'enchanteresse de Florence" au fait, suite à ton billet.

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  2. Oups, les problèmes que tu soulèvent lors de ta lecture sont de ceux qui m'horripilent souvent, en particulier "le livre qui se veut un chef d'oeuvre"... et j'ai prévu de lire Cent ans de solitude cet été...

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  3. "soulèves", arghh !

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  4. Attention les filles: en général c'est un livre que les gens adorent. Ce sont des amis à moi, dont je partage les goûts en principe, qui me l'ont chaudement recommandé. Donc allez vous faire une idée par vous-même: j'ai l'impression d'être une exception et je ne voudrais pas vous faire rater le bouquin de votre vie! ;)

    En plus j'avais envie de lire ses autres livres: l'amour au temps du choléra, mémoires de mes putains tristes.. Pour le coup je les emprunterai en bibli ;)

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  5. Zut, j'espère que Lilly ne repassera pas par ici, mais voilà : je ne garde au-cun (bon) souvenir de "L'amour aux temps du choléra", c'est long, ennuyeux, c'est un auteur qui s'écoute écrire. Du moins c'est l'impression qu'il me laisse. Même si "s'écouter écrire", c'est difficile, en réalité.
    Hum.
    Depuis, je n'ai jaaamais eu envie de lire "Cent ans de solitude".

    (tu as vu comme personne ne t'engueule, pour l'instant ?)

    Par contre, "il vaut peut-être mieux écrire un chef d’oeuvre raté qu’un bon roman", euh, je ne sais pas. Tu dis ça pour être gentille et pour analyser ça avec recul. Mais si on pense à toi, rien qu'à toi, à la lectrice, il vaut mieux un bon roman. C'est ton plaisir personnel qui compte, pas celui de la postérité culturelle et littéraire. Non ? Si ?
    (je suis une fille très égoïste)
    (qui n'a peut-être rien compris)

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  6. * Erzébeth, bon, c'est réglé pour l'Amour au temps du choléra. :) C'est pile la même impression que j'ai eu pour "Cent ans..." : un mec qui s'écoute écrire. Génial ça: "s"écoute écrire"

    Et j'ai dit qu'il vaut mieux "écrire" un chef d'oeuvre raté, pas "lire". :P

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  7. Hannn, je savais bien qu'un détail m'échappait - le verbe, oh, trois fois rien ;-)
    Ah oui donc alors, en fait, d'accord.
    (tout ça pour ça, super ;-) )

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  8. Ben moi c'est un de mes romans préférés, je l'ai adoré, littéralement. Mais je t'aime quand même et il ne me viendrait absolument pas à l'idée de t'engueuler, non mais.

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  9. J'ai toujours eu peur de cette lecture ... craignant vraiment de m'ennuyer ! J'ai même failli essayer de le lire en espagnol histoire et puis je me suis dit que j'étais suicidaire :)

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  10. Oui, je suis d'accord avec toi cette couverture est tout simplement hideuse !

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  11. * Erzébeth: :P

    * Fashion, ah mais ça m'arrange pas que tu aimes, j'ai encore plus l'impression de louper un truc! Mais c'est cool que tu m'aimes toujours :)

    * Kikine, bah essaie! C'est peut-être la traduction qui était mal faite dans mon édition.. (et l'illustration aussi, on est d'accord)

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  12. A chaque fois que je lis un commentaire sur "L'amour au temps du choléra", je m'apprête à ajouter mon grain de sel, et une petite voix me dit de vérifier : bon, ben non, hein, c'est encore et toujours "De l'amour et autres démons" auquel je pense! Donc je n'ai pas franchement été emballée par ce second roman dont personne ne parlait avant moi ici, mais "Cent ans de solitude" m'a réconciliée avec GGM!

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  13. Comme c'est dommage! J'avais adoré ce roman!

    Pour celles qui ne l'ont pas encore lu (et que ton billet n'aura pas découragées hahaha) je recommande de faire un arbre généalogique pour s'y retrouver dans les personnages...

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  14. * Kali, je ne connais pas "de l'amour et autres démons", mais le titre me paraît très évocateur!

    * Grominou, ça me fait penser aux listes des prénoms, noms et surnoms qu'on doit faire avec les romans russes! ;)

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  15. ah moi j'avais adoré! et je trouve la couv' très belle, on me l'a offert plus tard dans cette édition, pour quand j'aurais envie de le relire :)

    l'amour au temps du choléra, y'a des beaux passages, mais vraiment le personnage masculin m'agace.... la lecture a été beaucoup plus laborieuse que Cent Ans de solitude que je me souviens avoir dévoré :)

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  16. * a n g e l, et moi qui voulait lire l'amour au temps du choléra! J'ai plein d'amis qui le préfèrent à Cent ans.. Bon, je vais l'emprunter! :)

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