lundi 31 mai 2010

Ce tag n'a pas de nom on dirait. Appelons-le "Le Tag"

Vous savez, on a beau se plaindre des tags, il y a tout de même un certain plaisir à en faire un - oh un plaisir coupable certes, secret, inavouable. Mais ce sont ceux là les plus rigolos, non?

Donc merci à toi Erzébeth, et à toi Fashion (ou pas)!


Signe particulier:


I often find myself elected the involuntary confidant of my acquaintances' secrets.

(Citation de Jane Eyre, légèrement remasterisée, mais si peu)


C’est-à-dire que les gens me prennent pour leur confesseur: c’est dans la plus stricte confidentialité qu’ ils me dévoilent la noirceur de leurs âmes, leurs désirs inavouables, leurs rêves inachevés, leurs restes d’espérance.


Et moi de m’écrier, deux fois sur trois:

Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace !
O désespoir ! ô crime ! ô déplorable race !

(vers entièrement de mon cru)(mais puisque je vous le dis)



Mauvais souvenirs :

Toute la paperasse que j’ai dû remplir pour aller aux Etats-Unis, les pièces que je photocopiais encore au milieu de la nuit, pour m’apercevoir à 6h du matin qu’il m’en manquait encore, alors que j’avais rendez-vous à l’ambassade à 9 h (où j’ai du faire la queue pendant trois heures, hein, sinon c'est pas drôle).

(Je redoute la première déclaration d’impôt et les premières candidatures pour un poste)

Aussi, la fois où je passais des oraux à Lyon, et où je me suis aperçue à la dernière minute que ma carte d’identité était restée dans ma veste, laquelle veste était dans la voiture de mon papa, lequel papa venait juste de quitter Paris pour rentrer chez nous en Lorraine. Crise de nerfs. Crise de larmes. (Rassurez-vous, ça se finit bien cette histoire de carte)

Mais aussi ce samedi matin, où j'ai dû me rendre à 450 km de chez moi, avec 4h de sommeil, la gueule de bois et perchée sur de hauts talons. C’était pour aller à un enterrement, qui était déjà très éprouvant à la base.

La vie est une jungle, je l’ai toujours dit.


Défauts:

Je suis extrêmement fière, je ne pardonne pas facilement, je suis trop passionnée et impulsive.

et je parle comme une ado.

et je suis coincée en public.

Et aussi - mais sont-ce des défauts? - Paresseuse, gourmande et élitiste. Les paresseux sont ceux qui font avancer le monde. Sans paresseux, pas de voiture, pas de télécommande, pas d’essuie-tout prédécoupé. Sans gourmandise, la vie serait bien triste. Sans élitisme, pas d'exigence envers soi-même ou les autres.

Hmmm qu'est-ce que j'ai l'air sympa tout d'un coup.


Film bonne mine:

Aladdin. A chaque fois que je le revois, je repère une nouvelle blague, un nouveau jeu de mot, une nouvelle parodie du Génie. Ce dessin animé me paraît inépuisable.

Et sinon: Certains l’aiment chaud.


Souvenirs d’enfance :

Ces gaufres là, fourrées à la vanille, les spécialités du nord de la France comme on en trouve chez Méert à Lille, vous voyez?

Cet énorme ballon bleu que j’ai laché et qui s’est envolé dans le ciel.

Mon premier amoureux de petite maternelle, qui se trouvait aussi être mon voisin, qui vient me kidnapper dans mon jardin pour m’emmener jouer dans son bac à sable. A 4 ans on défiait déjà l’autorité maternelle.

Les roses, les dahlias et le jasmin du jardin de ma mère.

Les dînettes que mes copines et moi organisions, avec des fleurs, de la terre et des cailloux en guise de jouets.

Et quand on jouait à la guerre dans un immeuble désaffecté.

Regarder des dessin animés avec mon frère, allongés sur une natte, les volets baissés à moitié.


Et voici le moment que l’on attendait tous: le nom des nouvelles victimes!

Je désigne Mo, Lilly, Praline et Rose. A vous les studios!


mardi 25 mai 2010

Le Maître de Ballantrae - R.L Stevenson - 1889

Les avis de Romanza et de Lilly qui m'ont décidée.



Le Maître de Ballantrae, c’est l’histoire, digne d’une tragédie classique, d’une famille qui se détruit de l’intérieur par la rivalité entre deux frères, avec pour témoin le vieux serviteur.

Au commencement fut la guerre: le soulèvement des Jacobites, Ecosse 1745. C’est en jouant à pile ou face que l’aîné, James Durie, le Maître, abandonne ses terres et décide de rejoindre le camp des écossais. Henry, le pâle cadet, rejoint celui des anglais, et hérite de la demeure et du titre.

On attend longtemps le retour du Maître ; quand la nouvelle de sa mort arrive, il est pleuré de tous et commence alors à hanter les mémoires : il devient le fantôme de son propre château et par son absence, efface son propre frère.


Mais le Maître revient: s’ensuit une persécution fine et subtile à l’endroit de son frère, à qui il réclame non seulement ses terres, mais aussi la femme qui lui était promise et que Henry a épousé.

Commence alors un combat à mort entre les deux frères ennemis qui les mène jusqu’au bout du monde, à travers les plaines et l’Océan, des Highlands écossais aux terres sauvages de l’Amérique, aux frontières de la sauvagerie et de la folie.


Le Maître de Ballantrae balance constamment entre les deux frères : d’un côté le roman d’aventure et de l’autre celui de la vie domestique, avec comme points de rencontre le retour, la fuite, la vengeance, l’errance, la poursuite, le duel.

Avec le Maître, il est question de pirates, de guerres, des Indes, de voyages en mer melvilliens. Du côté d’Henry, c’est l’enfermement, le huis-clos d’un château écossais, où l’enfer, c’est les autres (pour de vrai). C’est l’intendance d’un domaine, la prise en charge de la vie quotidienne, les accusations de lâcheté. D’un côté la flamboyance, de l’autre la médiocrité.

En même temps, l’un ne va pas sans l’autre, et c’est progressivement qu’ils vont se contaminer: Henry grandit et le Maître pâlit.


Mais il y a aussi du fantastique dans le Maître de Ballantrae. James est figuré comme le diable en personne, ou du moins c’est ainsi que le voit son frère. (et qui pourrait lui en vouloir?) En effet, il ressuscite un peu trop souvent pour être clair. La famille porte véritablement l’enfer en son sein, poursuivie qu’elle est par le Maître à travers les années, à travers le monde ; elle sème l’hiver partout où elle passe. D’ailleurs, le sous-titre du roman est bien «A Winter’s Tale», repris au grand Shakespeare.


Le Maître de Ballantrae est vraiment un des plus beaux personnages en littérature: il est très fin, d’une cruauté délicate, et extrêmement séduisant: c’est un pirate, un espion, un esthète, un voyageur, un exilé, un guerrier, un conteur. Il fascine comme un serpent, sans jamais perdre son emprise sur les autres malgré la distance, malgré les années. Et pour sa manie de jouer à pile ou face quand il s’agit de décider des grands décisions de sa vie, pour son côté séduisant et repoussant, j’ai envie de le rattacher à un des meilleurs méchants de Batman, j’ai nommé Harvey Dent.



Si le Maître est adapté au cinéma, je veux que ce soit John "Hiiiiii" Barrowman qui tienne le rôle. (ceux qui l’ont vu dans Desperate Housewives comprendront)


Voyez comme il peut être vilain.


Et que dire de la délicieuse langue légèrement archaïsante, et mâtinée de dialecte écossais. C’est exotique en diable!


Un roman passionnant que je recommande chaleureusement donc, d’une richesse, d’une densité et d’un rythme étonnants (puisque tout se concentre en deux cent pages seulement), et qui file directement dans mon top Quinze!


Une petite interrogation pour finir: Henry et James, ça fait bien Henry James si je ne m’abuse. Et là j’ai envie de dire: Wat ze phoque? Serait-ce un message subliminal?




Petit filou va!

lundi 17 mai 2010

Ce que je sais des bonzes.


(Je voulais vous mettre mes propres photos, mais pour une raison obscure, Blogger refuse de les charger. J'en suis toute marrie.)




A chaque fois que j'en voyais, ils me rendaient de bonne humeur. Je m'extasiais à tous les coups sur leurs associations de couleurs: l'orange fanta de leurs robes élégantes, le jaune citron de leurs ceintures, le bleu outremer de leurs sacs en toile, le safran de leurs parapluies. Un ensemble que je ne renierais pas pour le printemps-été 2010 (si toutefois une telle chose existait).

Les bonzes sont intimement liés à la vie de la communauté. Les moines ne mangent que ce qu'on leur donne: on les voit donc tous les jours au moment de l'aumône. Vers 7 heures du matin, ils arrivent en file dans les villages pour recueillir dans leurs paniers la nourriture que les gens leur offrent - souvent du riz gluant, des fruits, des gâteaux. Plus tard dans la journée, des femmes leur apportent des plats cuisinés, comme des légumes, de la viande. Lors de cérémonies, ils ont droit à de petites délicatesses, comme du coca, des barres de chocolat, des clopes.
A ma plus grande horreur, j'ai appris qu'ils ne pouvaient manger que deux fois par jour: très tôt le matin et en fin de matinée. Après midi, ils n'ont que le droit de boire. A ce qu'il parait, c'est la contrainte la plus dure à supporter.

Lors de l'aumône, ils en profitent pour discuter avec les gens. Avant, je percevais ce moment comme très silencieux et froid, où les gens se tiennent roides, solennels, et murmurent des prières. Et si c'est bien la théorie, ça ne se passe pas du tout comme ça : ils prennent des nouvelles des uns et des autres, se tiennent informés de ce qu'il se passe dans la vie du village. C'est un moment très chaleureux et convivial.
(En fait, si j'écris cet article aujourd'hui, c'est parce que j'ai eu ma génitrice (restée au Laos) au téléphone pas plus tard que ce matin, qui m'a dit que les moines avaient demandé de mes nouvelles. Cet article est donc un grand cri d'amour.)

On m'a raconté une anecdote très touchante. Il y a quelques années, ma grand-mère a été très malade, devait subir une opération et avait donc cessé de faire l'aumône. Quand les moines l'ont appris, une dizaine d'entre eux se sont rendus à l'hôpital pour lui proposer leur sang (au Laos, comme il n'y a pas de don de sang, les gens sont obligés de faire appel à leurs proches lors d'opérations). Je ne sais pas s'ils étaient encore bien vaillants après coup (ils ne mangent que le matin je vous rappelle), mais j'ai trouvé ça très beau.

Les moines appartiennent véritablement au village, au sens où chaque famille est tenue d'envoyer un fils au monastère, car la croyance veut que c'est le fils en question qui pourra la guider au paradis. Tout le monde a donc un frère, un oncle, un cousin bonze. Seulement, à la différence de l'Occident, on ne s'engage pas dans la vie monastique à vie. On peut si on le souhaite, mais on peut très bien ne rester que trois jours, une semaine, quelques mois, quelques années.
Si pratiquer l'aumône n'est pas tout à fait désintéressé (car il paraîtrait que c'est ainsi que l'on gagne le paradis), on peut tout à fait imaginer que ces bonzes sont nourris en tant qu'enfants du village.

Il n'y a pas que la foi qui peut pousser à devenir bonze. Beaucoup d'adolescents le sont quelques années pour pouvoir faire des études, car ils ont le gîte et le couvert gratuit. Les moines sont souvent très instruits: à part l'étude des textes sacrés, un certain nombre maîtrise les langues occidentales, et à ma grande surprise, ils sont beaucoup à apprendre l'informatique. En parlant de technologie, j'ai complètement halluciné d'en voir utiliser des portables, des game boy. J'ai même entendu un petit moinillon dire "Oh la salooooope" au téléphone, et je ne m'en suis pas remise. Mes petits préjugés d'occidentale et de laïque en ont pris un sacré coup.

Je connais aussi un moine qui prend la vie monastique comme cure de désintoxication. En effet, il est alcoolique, donc sa famille l'a forcé à intégrer le temple. On le soupçonne de toujours avoir un faible pour la bouteille.

Si j'ai déjà entendu des bonzes taquiner des filles, en principe une femme n'a pas le droit de les toucher. Si elle a un truc à donner à un moine, il faut qu'elle le pose à un endroit et il le ramasse, ou alors elle le transmet à un homme, qui lui peut le transmettre au moine. Le seul moment de l'année où une femme peut toucher un moine, c'est lors du Nouvel An laotien, véritable carnaval. Moi j'ai pas osé: j'ai eu trop peur de tomber foudroyée.

Il existe également des femmes moines, mais elles sont beaucoup moins nombreuses. Leur vie est généralement plus austère que celle des hommes. J'ai entendu dire que les femmes moines sont des femmes qui ont tout perdu, qui n'attendent plus rien de la vie et qui choisissent de s'en abstraire dans la méditation. On a ce sentiment rien qu'en les voyant: elles portent une robe blanche, couleur du deuil - rien à voir avec les orange et safran éclatants qu'arborent les hommes.

Lors des cérémonies religieuses, ce ne sont pas les gens qui vont au temple, mais ce sont les moines qui se déplacent et se rendent dans les maisons. Inversement, les temples sont très ouverts à tous, tous les jours. Les gens s'y rendent pour prier, se recueillir, dire bonjour à leurs morts. J'ai été étonnée de voir comme ils accueillent les étrangers. Tout le monde est le bienvenu, personne ne te pose de questions sur ta foi : si tu es là, tu es là.

J'aime cette religion moderne, tolérante, qui est véritablement paix, échange et réconfort. Ca peut sembler un cliché, mais ce que j'ai vu du bouddhisme force mon admiration et mon respect.

mardi 11 mai 2010

Dragons - Dreamworks - 2010




Samedi dernier, je suis allée voir «Dragons», le dernier Dreamworks, pour rester dans la thématique animaux bizarres, et aussi parce que ce film me paraissait d’emblée être une source de couinements® appréciable. Il n’y a pas que les sexy men® dans la vie, il y a aussi les dragons.

Et puis pour ne pas faire les choses à moitié, j’ai été voir la version 3D, avec les lunettes qu’on loue à 3 euros, alors qu’on aurait pu les découper soi-même au dos d’un paquet de Chocapic (et même que le carton aurait été dix fois mieux rapport au poids de la chose).


Harold est un Viking mal dans sa peau - ce poids plume n’est pas de taille à défendre son village contre les terribles dragons qui l’attaquent de toute part, et se retrouve l’objet de la pitié et de la raillerie des autres habitants. Un jour pourtant, grâce à une machine de son invention, Harold parvient à mettre à terre un dragon, et pas n’importe lequel: le terrible, l’impitoyable, l’irréductible Furie Nocturne.


C’est lui (à droite).


Dès le pitch Allociné, on sait qu’Harold et le Furie Nocturne vont devenir amis, on sait qu’il va rencontrer la désapprobation de tout son village, et on sait, on sait mille fois plutôt qu’une, que tout se conclut dans le vivre-ensemble le plus harmonieux, que la morale est sauve et que le héros finit par pécho. (et Dieu sait que je suis bon public)

La seule question est de savoir comment, parce que c’est très mal parti au départ - Dragons se révèle donc un tout petit peu plus compliqué et surprenant que prévu.



Un grand intérêt du film, ce sont les différents dragons. Les dessinateurs Dreamworks se sont bien lachés, en mode peu-importe-ce-que-cela-est-pourvu-que-cela-crache-du-feu-(ou-pas). Du coup on se retrouve avec des bestioles complètement improbables, avec chacune leur caractéristique (un dragon est improbable en soi, certes, mais concentrez vous un peu). Ca donne envie de les collectionner, tellement ils sont chou.




Je les ai trouvé très réjouissants, avec leur côté cartoon très coloré et exubérant, et leur personnalité attachante à mi-chemin entre l’enfant et l’animal. J’ai bien aimé ce parti pris chez Pixar de ne pas faire parler les bêtes: tout passe par des mimiques, des grognements, des crachements de feu, des ronronnements aussi. Maintenant, j’en veux un de dragon, le tout petit là.




Et puis la surprise réside aussi dans la façon qu’Harold approche son dragon, les petites astuces pour l’amadouer, l’approcher, le convaincre d’enfiler une selle.

Car il n’y a pas que des combats dans ce film, mais aussi de touchantes scènes sans paroles où Harold et le dragon s’apprivoisent, avec lenteur, crainte, douceur, mais aussi difficulté.


J’ai aussi aimé que les humains ressemblent à des personnages de dessin animé ; les hommes ont des barbes comme des manteaux de fourrure (tressés), les femmes ont les seins gros comme des casques (les casques des précédents).



Et j’applaudis des deux mains l’idée très exotique des Vikings, avec leurs casques avec plein de cornes, leur air bourru, et leur accent écossais! Les Vikings, c’est comme les Spartes ; ils parlent pareil. En tout cas, c’est Gerard «Leonidas» Butler qui prête sa voix rauque et ondulée au chef des Vikings.





Tonight we dine in HELLLLLLLLLLLLLL!



Bizarrement les gamins ont l’accent américain. (Huh?)


Certaines scènes sont magnifiques: celle de l’envol au dessus des nuages (grand classique depuis Aladdin, mais on ne s’en lasse pas), celle de l’entrée dans la bouche du volcan, celles des combats. C’est un dessin animé visuellement extraordinaire. Là j’ai vraiment vu l’intérêt de la 3D, dont le film n’abuse pas.



«Dragons» est au final un très joli conte initiatique, enthousiasmant et rythmé, pas du tout si naïf que ça. C'est plein de malice, d’ingéniosité, d’humour, et vous l'aurez compris, je recommande!