vendredi 22 janvier 2010

Bilbo le Hobbit (The Hobbit) - J.R.R Tolkien - 1937




Avertissement: je défends l’idée selon laquelle Bilbo le Hobit est indépendant du Seigneur des Anneaux (SDA pour les intimes)(les intimes geek), mais bien sûr je glisse par ci et par là des références obscures. Ne vous laissez pas décourager pour si peu.


Bilbo le Hobbit peut être lu comme une introduction au Seigneur des Anneaux. C’est l’histoire des aventures de Bilbo, l’oncle de Frodon, auquel la trilogie fait souvent référence. Certains personnages du Seigneur des Anneaux sont déjà présents: Elrond, Gandalf ; et la géographie de la Terre du Milieu est déjà dessinée. On apprend dans ce récit la façon dont Bilbo s’est emparé de l’anneau et l’a arraché à Gollum, et en cela, il peut certainement être vu comme le point de départ de la trilogie. De plus, les deux livres ont une structure similaire: il s’agit de l’histoire d’un aller et d’un retour


Mais ce livre vaut en lui même je pense : il raconte comment Bilbo est arraché à son terrier de la Comté contre son gré, pour aider une rimbambelle de nains (Thorin, Balin, Bifur, Bofur, Bombur, Dwalin, Gloin, Oin, Dori, Nori, Ori, Fili et Kili) à retrouver leur trésor, qui leur a été volé il y a maintes années par un vilain dragon.

Petite parenthèse: vous vous rappelez, au tout début du premier film, Frodon adresse à Gandalf un mini reproche: Gandlaf serait synonyme d’ennui pour les hobbits. Gandalf lui répond que s’il faisait allusion à l’histoire avec le dragon, il y était pour très peu de chose. Vous savez quoi? Ce n’est pas vrai.


C’est un récit d’aventure pure et dure, palpitante, allant de rebondissement en rebondissement, de surprise en surprise et qui ne se pose jamais. Nos petits êtres se font enfermer dans des tonneaux, poursuivre par des loups, taquinER par des gobelins, chatouillER par des araignées géantes (des copines d’Arachne?), attaquER par des hommes. Mais l’aventure n’est pas seulement synonyme de grosse baston, et peut aussi être plus intellectuelle, comme dans le duel de devinettes auquel se livrent Bilbo et Gollum (on pourrait les soumettre à Carambar, qui devient de moins en moins drôle). L’action ne cesse jamais et tout semble se suivre en des séquences juxtaposées: chaque chapitre possède une aventure marquante, différente, avec un début, un milieu et une fin. On comprend comment ce livre est fait pour être lu (ou chanté, car il y a beaucoup de chansons) à un enfant chaque soir, petit bout par petit bout.


Car il faut bien le dire: même si beaucoup d’éléments annoncent le SDA, le ton et le style diffèrent du tout au tout et on sent que c’est un livre pour enfant. Le narrateur a un ton très tendre, souvent amusé, et regarde les aventures avec distance. Il a l’air si peu inquiet pour Bilbo et ses amis nains, que l’on sait que tout va bien se finir. Bilbo le Hobbit est presque un conte, et ce sentiment est renforcé par le côté un peu archaïsant de la langue (c’est charmant!): on sent que cela se passe dans un temps révolu, et qu’on nous narre le parcours d’un héros.


C’est une petite histoire qui se présente comme telle, ce qui est assez paradoxal puisqu’elle fait l’objet de tout un livre. Petite, donc, non pas en soi, mais par rapport à la grande histoire censée se dérouler en arrière plan et qui envahit parfois l’intrigue. Il y a toujours des références à des choses qui se passent ailleurs mais que le narrateur ne prend pas le temps de développer ; Gandalf disparaît souvent mystérieusement pour aller s’occuper de ses petites affaires alors qu’on a l’impression d’être au coeur de l’action. Ceci laisse présager que des choses graves se déroulent ailleurs, et ramène l’histoire à ses justes proportions: il s’agit juste d’une bande nains accompagnée d’un hobbit, qui veut reprendre son trésor.



Un changement survient lors du combat des cinq armées qui clôt le livre, où le ton se fait plus ample, plus épique, et presque shakespearien (ouais). Le récit prend de toutes autres proportions, et s’intègre à la grande histoire. C’est là qu’intervient un Héros bien traditionnel, tel qu’on les imagine, incarné par un homme. Car si le hobbit est héroïque, est-il un Héros pour autant? Ce petit être modeste qui n’aspire qu’à rentrer chez lui et à enfiler ses pantoufles.


C’est une image : même au coeur de la montagne du destin, un hobbit reste pieds (poilus) nus.



J’hésite à le qualifier d’anti héros car même s’il manque singulièrement de glamour et traîne un peu des pieds (poilus et nus) au départ, il fait très vite montre de courage, d’astuce, d’intelligence, de débrouillardise et c’est toujours lui qui sauve ses amis. Il est différent du bon vieux héros épique en ce qui se bat non pas physiquement mais avec ses petites cellules grises. Ce livre pose plein de questions sur l’héroïsme: est-ce le fait de chercher l’aventure? de savoir faire face à une situation? d’aller contre son confort parce qu’on y est obligé?


En tout cas, il s’agit d’un héros ambigu, et qui a un regard mitigé sur son aventure, qui l’emplit d’amertume, l’exclut de sa société (alors qu’un héros s’y (ré)intègre en principe) mais qui le transforme : une partie de lui demeure en Terre du milieu. On voit très bien ceci dans le SDA, où on voit un Bilbo nostalgique qui entreprend d’écrire son récit, puis de repartir sur les lieux de son aventure. Il y a une petite incohérence d’ailleurs: on ne comprend pas pourquoi il n’est pas le narrateur à la première personne de Bilbo le Hobbit.


Un livre assez plaisant donc, qui se laisse lire sans rien exiger du lecteur, qui nous introduit à un univers riche, magique et coloré même s’il est moins fouillé que le SDA. Il est destiné aux enfants, mais ne paraîtra pas trop simple aux grands. Il s’agit d’un grand classique de la littérature fantasy qui est lu depuis plus de soixante ans - même si la fantasy n’est pas votre truc, vous devriez être ravi du voyage.


Bonus: il semble qu’un film est en cours de préparation, avec Guillermo Del Toro aux commandes - il devrait sortir en 2012. Bonne nouvelle, on y retrouve Hugo Weaving dans le rôle d’Elrond, Andy Serkis dans celui de Gollum, et Ian Mc Kellen en Gandalf. Moi qui suis nostalgique de mon Seigneur des Anneaux annuel, je suis ravie! Je pense que ce film suivra la même esthétique que la trilogie; il n’y a qu’à voir les images.



13 commentaires:

  1. En fait cette lecture est indispensable avanr de lire le SDA, non? Je parle de mon expérience en tout cas!

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  2. Tenté trois fois, repoussé trois fois.
    C'était il y a plus de quinze ans (quelle horreur, de pouvoir écrire un truc pareil!) mais je n'ai toujours pas envie de réessayer. on dirait que je suis allergique à Tolkien... (oui, j'ai essayé le SDA aussi, ça n'a pas marché non plus.)

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  3. J'en ai entendu parler lorsque j'étais étudiante. Mais toujours pas lu. Ca a l'air sympa!

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  4. Je l'ai lu ado et je ne savais pas, à l'époque, qu'il y avait un lien avec LSDA. J'ai adoré. Les souvenirs qui restent gravés dans ma mémoire sont ceux de Bilbo, dans la grotte, essayant d'échapper à Gollum. Un régal. Hâte de voir le film, je savais qu'il était en préparation mais là j'ai vraiment hâte.

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  5. * Keisha, tu trouves? Je pense que ça offre un complément d'information, mais de là à être indispensable.. Enfin, j'ai compris le SDA sans ça..

    * Mo, ça sert à rien de s'acharner, c'est sûr. Mais les films sont bien, non?

    * La plume et la page, c'est plaisant! Pas de quoi se rouler par terre non plus, mais tu passes un bon moment!

    * Ofelia, tu as raison, cette scène est assez incroyable! En plus, leurs devinettes sont impossibles à résoudre! C'est trop drôle: je crois que ce jeu était très en vogue au 18è en Angleterre (peut-être en Europe tout court), et on a l'impression qu'ils sont dans une soirée mondaine. SInon pour le film, c'est vrai que les affiches donnent envie. ET ça m'étonne qu'ils aient mis autant de temps à se lancer.

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  6. Chère Casanova, 2 choses:
    La 1ère: ce ne sont pas les blagues Carambar qui deviennent moins drôles, c'est toi qui grandis.
    La 2ème: as-tu trouvé pourquoi Bilbo s'appelle Bilbon dans ce "prologue" au SDA?

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  7. J'adore Bilbon!! Et quelles aventures il vit ce brave petit hobbit! Je m'en vais le relire tiens!

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  8. Ah je l'ai lu quand j'avais 9 ans, et plusieurs fois... j'avais beaucoup aimé
    et je l'ai trouvé vraiment plus digeste que le SDA, rapport que même si j'adore les gros livres, j'ai par deux fois abandonné la lecture à la moitié du troisième volume (merci aux superbes films pour m'avoir fait connaitre la fin! )

    Bref une super lecture, je recommande aussi :)


    ps: il y a des participes passés qui ont pris des infinitifs en otage dans ton billet, vite, il faut faire quelque chose :-D

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  9. * Sib, 1. Tu ne peux pas me dire ça comme ça.
    2. J'ai mis Bilbo parce qu'il s'appelle comme ça en anglais. Maintenant, en français, c'est possible qu'il soit "traduit", comme Frodo est devenu "Frodon". Soit dit en passant, je ne vois pas bien l'intérêt.

    * Chiffonnette, merci de cautionner! :)

    * A n g e l, j'ai corrigé les fautes (j'ai adoré ta formulation!), qui n'ont pas affolé que toi et qui m'ont également été signalées par mail! :)))))
    Tu as découvert cet univers très tôt alors! Et je t'avoue que du SDA, je ne connais que les films, que je regarde chaque Noël. Il faudrait que je me lance dans les livres.
    Merci à toi de cautionner! :)

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  10. Quoi, tu n'as pas lu LOTR ???? (moi je suis une geekette mâtinée de snob, je ne speake qu'english:))) Il faut remédier à ça illico presto jeune fille. It's an order. :))

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  11. Ben, j'ai pas vu les films. (...)
    Et pour les o qui deviennent des on, c'est peut-être une forme de traduction, comme les Otto allemands qui sont des Otton dans l'historiographie française. Comme parfois les noms de villes qui sont traduits même si le nom allemand est en fait d'un usage plus courant.

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  12. Bon j'ai un léger retard de lecture, n'empêche que maintenant, je souris niaisement après avoir lu ton chouette billet. Bilbo, c'est mon ami (j'ai même eu un chat qui s'appelait comme ça, c'était le plus beau). Certes c'est clairement enfantin, mais que ça fait du bien !!
    Par contre, je t'invite cordialement à lire le SDA, je t'assure que c'est délectable.

    Et Mo, tu ne peux pas continuer à vivre sans avoir fait la connaissance cinématographique d'Aragorn. Surtout quand il pousse les énormes portes de je-ne-sais-plus-où. On n'a pas fait plus sexy depuis.

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