mardi 25 mai 2010

Le Maître de Ballantrae - R.L Stevenson - 1889

Les avis de Romanza et de Lilly qui m'ont décidée.



Le Maître de Ballantrae, c’est l’histoire, digne d’une tragédie classique, d’une famille qui se détruit de l’intérieur par la rivalité entre deux frères, avec pour témoin le vieux serviteur.

Au commencement fut la guerre: le soulèvement des Jacobites, Ecosse 1745. C’est en jouant à pile ou face que l’aîné, James Durie, le Maître, abandonne ses terres et décide de rejoindre le camp des écossais. Henry, le pâle cadet, rejoint celui des anglais, et hérite de la demeure et du titre.

On attend longtemps le retour du Maître ; quand la nouvelle de sa mort arrive, il est pleuré de tous et commence alors à hanter les mémoires : il devient le fantôme de son propre château et par son absence, efface son propre frère.


Mais le Maître revient: s’ensuit une persécution fine et subtile à l’endroit de son frère, à qui il réclame non seulement ses terres, mais aussi la femme qui lui était promise et que Henry a épousé.

Commence alors un combat à mort entre les deux frères ennemis qui les mène jusqu’au bout du monde, à travers les plaines et l’Océan, des Highlands écossais aux terres sauvages de l’Amérique, aux frontières de la sauvagerie et de la folie.


Le Maître de Ballantrae balance constamment entre les deux frères : d’un côté le roman d’aventure et de l’autre celui de la vie domestique, avec comme points de rencontre le retour, la fuite, la vengeance, l’errance, la poursuite, le duel.

Avec le Maître, il est question de pirates, de guerres, des Indes, de voyages en mer melvilliens. Du côté d’Henry, c’est l’enfermement, le huis-clos d’un château écossais, où l’enfer, c’est les autres (pour de vrai). C’est l’intendance d’un domaine, la prise en charge de la vie quotidienne, les accusations de lâcheté. D’un côté la flamboyance, de l’autre la médiocrité.

En même temps, l’un ne va pas sans l’autre, et c’est progressivement qu’ils vont se contaminer: Henry grandit et le Maître pâlit.


Mais il y a aussi du fantastique dans le Maître de Ballantrae. James est figuré comme le diable en personne, ou du moins c’est ainsi que le voit son frère. (et qui pourrait lui en vouloir?) En effet, il ressuscite un peu trop souvent pour être clair. La famille porte véritablement l’enfer en son sein, poursuivie qu’elle est par le Maître à travers les années, à travers le monde ; elle sème l’hiver partout où elle passe. D’ailleurs, le sous-titre du roman est bien «A Winter’s Tale», repris au grand Shakespeare.


Le Maître de Ballantrae est vraiment un des plus beaux personnages en littérature: il est très fin, d’une cruauté délicate, et extrêmement séduisant: c’est un pirate, un espion, un esthète, un voyageur, un exilé, un guerrier, un conteur. Il fascine comme un serpent, sans jamais perdre son emprise sur les autres malgré la distance, malgré les années. Et pour sa manie de jouer à pile ou face quand il s’agit de décider des grands décisions de sa vie, pour son côté séduisant et repoussant, j’ai envie de le rattacher à un des meilleurs méchants de Batman, j’ai nommé Harvey Dent.



Si le Maître est adapté au cinéma, je veux que ce soit John "Hiiiiii" Barrowman qui tienne le rôle. (ceux qui l’ont vu dans Desperate Housewives comprendront)


Voyez comme il peut être vilain.


Et que dire de la délicieuse langue légèrement archaïsante, et mâtinée de dialecte écossais. C’est exotique en diable!


Un roman passionnant que je recommande chaleureusement donc, d’une richesse, d’une densité et d’un rythme étonnants (puisque tout se concentre en deux cent pages seulement), et qui file directement dans mon top Quinze!


Une petite interrogation pour finir: Henry et James, ça fait bien Henry James si je ne m’abuse. Et là j’ai envie de dire: Wat ze phoque? Serait-ce un message subliminal?




Petit filou va!

14 commentaires:

  1. Hum... on dit jacobites et pas jacobins. Si tu me titilles là-dessus, on n'a pas fini (je t'expliquerais volontiers ma vie, mais j'ai peur que tu ne décèdes d'ennui) ;o))

    A part ça, j'adore ton billet, comme d'hab. Ce roman a été un énorme coup de coeur qui m'a chamboulée comme rarement. Pour Henry et James, je me demande si tu n'as pas raison, j'ai lu un truc comme ça, mais je ne me souviens pas s'il s'agissait de ces auteurs. Sinon, Henry et James sont un peu des prénoms de souverains anglais hyper courants (James étant le Prétendant, je t'avais dit de ne pas me lancer là-dessus...). Sur ce, au dodo !!

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  2. * Lilly: ça y est, j'ai réparé ma très grande erreur! Tu me fais trop rire! Mais je t'en prie, lache toi sur l'histoire britannique si tu en as envie, moi ça m'intéresse beaucoup! Je ne décéderai pas du tout d'ennui, je te le promets!
    et moi aussi j'ai beaucoup aimé ton billet :)

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  3. Des fois (comme actuellement depuis vendredi soir, ce qui est très triste), je tourne autour de ma PàL sans savoir sur quel livre jeter mon dévolu, parce que je veux quelque chose de (très) bon, et je suis bête, dans ces cas-là, il suffirait que je vienne sur ton blog et que je choisisse un des livres dont tu parles. Je ne sais pas comment tu fais, mais ça me donne TOUJOURS envie.
    Celui-là, ça fait trèès longtemps que je projette de le lire, tu me confirmes que ça devient un peu urgent.

    Et j'aimerais beaucoup que Lilly en dise plus sur ce qu'elle connaît, ça m'a l'air plus intéressant qu'ennuyeux !

    (John Barrowman dans l'actuelle dernière saison de Desperate ? On le voit beaucoup ? J'ai vu les premiers épisodes et ça me déçoit un peu, même si les 4 wonder women sont toujours aussi formidables, les voisins mystérieux finissent par me gaver. Mais bon, ça me permettra de découvrir le jeu d'acteur de John. Hum.)

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  4. L'adaptation BD a l'air magnifique. Mais je vais commencer par le roman, depuis le temps que je veux me plonger dans Stevenson...

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  5. En fait, j'ai fait mon mémoire de maîtrise sur les jacobites. Et j'en ai tellement bavé que maintenant, dès que je vois que ces braves gens sont évoqués, il faut que je la ramène. Surtout que tout le monde pense que jacobites et jacobins, c'est pareil. Captivant, non ? (celle qui dit non recevra mon mémoire et devra me faire un compte rendu dans la semaine)(je préviens, c'est encore plus chiant que ça en a l'air, même si moi ça m'intéresse toujours ces trucs)

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  6. * Erzébeth, quoi quoi quoi tu regardes Desperate Housewives? Je croyais que tu étais un cas perdu pour les séries! Alors dans cette saison, j'aime bien les voisins car je les trouve attachants (surtout Angie) (apparemment John B. la trouve attachante aussi).
    John B. apparaît dans les tout derniers épisodes. Il joue un personnage très charmeur, manipulateur et cruel. Je le trouve parfait.
    Et je te retourne le compliment ma chère Erzébeth, je mets toujours tes articles de côté pour avoir des idées lecture. Jette toi sur ce bouquin! Regarde, Lilly valide aussi! :)

    * Mo, une adaptation BD? Curieux! Je vais me renseigner! Et je pense que ce Stevenson devrait te plaire!

    * Lilly, tu veux bien m'envoyer l'intro de ton mémoire? Pliz?

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  7. Je suis effectivement un cas perdu pour les séries, SAUF :
    - Desperate housewives (que je suis depuis le début, que j'aime d'amour éternel) (et là, forcément, tu me donnes envie !)
    - Dr House (j'ai les 4 premières saisons, pour moi la série s'arrête là, ça me plaît énormément tout en me posant des questions hautement existentielles)
    - Six feet under, dont je n'ai vu que la 1ère saison pour l'instant, mais qui est la meilleure série du monde entier (ok, je ne me base que sur trois séries pour dire ça, n'empêche) et que j'aimerai jusqu'à la fin, j'en suis certaine.
    Voilà.

    Et moi aussi, je continue d'être intéressée par le mémoire de Lilly, c'est fou, on est des warriors de la kulture :-))

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  8. Tu vas le regretter, mais si tu insistes. Je te préviens, tu as interdiction de me dire que c'est nul, que tu comprends pas comment j'ai pu valider mon année avec mention avec quelque chose d'aussi affligeant, j'ai sacrifié plusieurs mois de ma vie avec ce travail.

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  9. j'ai entendu tellement de bonnes choses sur ce roman que j'ai fini par me le procurer... tu confirmes!!
    @Erzie: il faut que tu regardes la 5 ème saison de House, bien mieux que la 4ème... je dis ça, je dis rien! ;))

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  10. Quel excellent souvenir de lecture... le maître de Ballantrae est définitivement un personnage fascinant et j'adore lire sur cet endroit, cette période!

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  11. * Erzébeth, voilà qui me plait bien! Moi aussi j'adore les Desperate Housewives. Je m'en fous des intrigues qui prennent toute la saison, j'aime juste les voir dans leur vie quotidienne.
    Et ah oui: Bree forever <3
    Le Doctor House j'ai laché au bout de la 2è saison. Je les regardais en anglais sous-titré coréen, et j'ai jamais réussi à assimiler le vocabulaire médical. Et ils parlent trop trop vite. Je sais, j'ai honte, c'est pas terible pour une angliciste.
    Et de toute façon, je trouvais que la série n'évoluait pas: c'est toujours les mêmes scénarios, et le spectateur ne peut pas réfléchir avec les médecins. J'adore House cela dit. Tellement grrrr...
    Et on m'a prêté 6 feet Under! Je t'en dirai des nouvelles.

    * Lilly, tu connais mon adresse e-mail! :)))
    (je suis sûre que je vais apprendre plein de choses. Merci!)

    * Choupynette, au vu des commentaires, je ne suis pas la seule à recommander: fonce!

    * Karine:) , il en a fait des heureuses le Maître! :)

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  12. Tu n'as pas eu mon mail ? Je t'ai envoyé ça à l'adresse indiquée ici...

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  13. Moi, ça me fait tout de suite penser au téléfilm dans lequel a joué "Michael York" et que j'avais dû regarder un dimanche ou pendant les vacances chez ma grand-mère... Très bon téléfilm et je trouvais Michael York très beau dedans. On ne sait pas trop ce qu'il est devenu...

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  14. * Un téléfilm, tiens tiens...

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