samedi 13 mars 2010

Shutter Island - Martin Scorcese - 2010




Avertissement: ça va être très dur de ne rien spoiler. Très très dur. Mais je tiendrai bon.


Autre avertissement: je n’ai pas lu le livre, bien sûr, pour pas changer. Pas d’avis là dessus par conséquent.


J’ai vu Shutter Island et The Ghost Writer à 18 heures d’intervalle le week-end dernier, et il y a tellement de parallèles entre ces deux films (même si, au final, je ne sais pas trop quoi en faire) que je ne résiste pas au plaisir de vous faire du 2 en 1, exercice auquel je ne suis pas du tout habituée, mais que je m’engage à faire devant vos yeux ebahis (ou pas).


Geronimoooooooooooooo!


Shutter Island: Nous sommes en 1954. Le Marshal Teddy Daniels et son nouveau coéquipier sont chargés d’enquêter sur la disparition d’une prisonnière sur Shutter Island, une île dans la baie de Boston qui abrite un ancien fort de la guerre de Sécession transformé en asile psychiatrique pour dangereux criminels, et dont il est, en principe, impossible de s’évader. On pense à l’Ile Noire de Tintin.


Note à moi-même: toujours se méfier des îles. C'est jamais très clair ces choses là.


Dès qu’il débarque sur l’île, Teddy Daniels est observé d’un oeil suspicieux ; les policiers qui l’accompagnent ont l’air de le surveiller lui, plutôt que les prisonniers, et le personnel médical ne se montre pas coopératif.



Il n'a pas l'air super méfiant le policier?


Pour ne rien arranger, le marshal est hanté par son passé - la libération de Dachau quand il était GI, la mort de sa femme dans un incendie déclenché par un pyromane - et les visions de cauchemar qui l’assaillent perturbent son enquête.


Teddy Daniels se détourne rapidement de son enquête pour explorer le mystère de cette prison-asile qui menace de l’engloutir, car elle met sa propre raison en danger. Shutter Island est un film sur la folie : qui est fou? qui ne l’est pas? qui pourrait le devenir? la raison peut-elle être manipulée? peut-elle être maîtrisée? la paranoïa est-elle folie ou méfiance justifiée? les médecins sont-ils fous? les prisonniers sont-ils sains d’esprit? peut-on guérir? comment? à quel prix? est-ce souhaitable? est-on seul face à nos démons?


Et j’ai trouvé ça passionnant, angoissant, terrifiant. On se méfie autant de Daniels, que des médecins, des malades. Les ficelles peuvent paraître grosses ; le spectateur, dont votre très humble servante, pense pouvoir imaginer la fin, mais il est en réalité manipulé pour le croire - les dernières scènes sont stupéfiantes et dévoilent le piège des apparences. On a envie de repayer sa place pour revoir le film à cette lumière.


L’île est également une concrétisation de certaines obsessions qui font partie de l’imaginaire américain: le savant fou nazi, l’asile d’aliénés, le cimetière, la guerre de Sécession. On peut penser à la prison-hôpital psychiatrique d’Arkham où sont enfermés tous les méchants très méchants et très fous de Batman.

On peut aussi penser à l’île des Chasses du comte Zaroff, où le méchant comte européen part à la chasse à l’américain.

C’est pour ça qu’on a pu reprocher à Scorcese d’être grandiloquent, excessif, de recourir à des clichés. Moi je pense qu’il ne fait que mettre en scène le gothique américain - on est dans l’inconscient collectif. On est vraiment au cinéma, on se rend compte que c’est faux - mais peut-être est-ce voulu précisément ainsi.

Et puis c’est aussi un film sur la culpabilité américaine. Tout d’abord, la culpabilité au sujet de la Shoah, parce qu’ils ne sont pas arrivés à temps, parce qu’ils n’ont pas toujours été réglo non plus. Ca, c’est hyper explicite dans le film et hyper pas subtil, parfois même déplacé. On a droit à plein de flash backs bien esthétiques et pathétiques sur la libération de Dachau, avec des tas de jolis cadavres entassés - le pire, ce sont deux corps enlacés, dont on devine qu’il s’agit d’une fille et sa mère. Teddy Daniels, traumatisé par cette expérience, fait plusieurs liens entre le camp et l’île: les barbelés, le médecin nazi qui est tacitement comparé à Mengele. J’ai quand même trouvé que la partie sur les camps avait trop d’importance par rapport à l’intrigue, et que ça n’avait pas besoin d’être autant développé.

Aussi culpabilité par rapport à Guantanamo et Abou Ghraib peut-être - avec les prisonniers maltraités, retenus de façon injustifiée.

C’est un film sur la civilisation et la sauvagerie, la loi et les coupables.



Maintenant, je ne connais pas trop Scorcese, donc je ne pourrais pas dire si c’était le meilleur Scorcese, ou le pire, ou le typique. Mais j’ai été complètement séduite, emportée, terrifiée et j’ai marché à fond. Je recommande donc!

Mais The Ghost Writer, ce sera pour un autre jour. Comme d’habitude, j’ai trop écrit donc si je continue, je vais craquer, vous allez craquer, tout le monde sera fâché, ça ira pas du tout.

Rendez-vous donc demain ou après-demain, mais pas plus tard car après, je pars loin.



Ah oui, et la scène d'ouverture est assez drôle: Leonardo Di Caprio est pris d'un méchant mal de mer sur le ferry qui l'amène sur l'île, et on le voit vomir à plusieurs reprises - il avait l'air plus en forme dans Titanic. Tu n'assumes plus Jack Dawson Leo?

5 commentaires:

  1. Moi je m'en fiche, Fashion et Caro[line] m'ont tout spoilé hier parce que je suis une jeune fille sensible et que je serais incapable de voir un film qui se passe sur une île coupée du monde, avec une tempête autour et des malades psychiatriques qui vivent là. Ouh non.
    Mais tu en parles bien quand même, évidemment.

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  2. * Rooooo les vilaines! Mais on m'a soufflé une autre interprétation de la fin qu'elles ne t'ont peut-être pas révélée... héhéhé
    Sinon moi non plus c'est pas mon genre de film, mais j'avais envie de sensations fortes (j'ai été servie)

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  3. Vu hier soir. J'attendais de le voir avant de lire ta note. J'adore. Les deux.
    Michelle Williams m'a énervée (elle m'a toujours agacée) Et la fin m'a laissée sur le cul. Un très bon film.
    Et un très bon Leo, comme toujours même si beurk, gros vomi sur le bateau. Il se fait vieux le petit.

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  4. Ofelia, ravie que tu aies aime (les deux!). Merci! :) T'aimes pas Michelle Williams? Jen te reste en travers de la gorge ou c'est autre chose? Moi je l'aime bien. Elle est mimi, je trouve qu'elle ressemble a un poussin.
    Et quant a Leo, je n'arrive pas a decider si ca lui va bien de vieillir. Je te l'accorde, beurk le gros vomi, mais au moins il le fait bien, non? :) (beurk)

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  5. Rebonjour, j'allais confiante voir le film de Scorsese: j'ai été déçue. Trop long et les flash-backs ratés. Vaut mieux lire le roman. Bonne après-midi.

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