lundi 15 mars 2010

The Ghost Writer - Roman Polanski - 2010




Note: Ce billet est plus ou moins la suite de celui-ci.

De nos jours, sur une île au large de la Nouvelle Angleterre. Adam Lang, le grand politicien anglais, a besoin d’un nouveau nègre pour rédiger ses mémoires, l’ancien s’étant tué en tombant d’un ferry pour cause d’ivresse mal gérée. Le nègre (ghost) rejoint son employeur sur l’île. Petit à petit, il s’aperçoit que la biographie qu’on lui demande d’écrire ne correspond pas à la réalité, qu’on lui cache beaucoup de choses sur le passé de Lang, et surtout sur la mort de son prédécesseur. De plus, Adam Lang connaît des difficultés avec la justice pour cause de - excusez du peu - crimes de guerre. Ses agissements à lui dépendent donc des bulletins d’information qui passent à la télé, des manifestants qui assiègent sa maison, des coups de fils des politiques britanniques et américains. Autant d’éléments qui perturbent l’écriture de cette fameuse biographie.




Comme chez Scorcese, le héros se lance dans une enquête différente de celle prévue, et va également se mettre en danger. C’est aussi un film sur le doute, la paranoïa. Seulement, les deux personnages sont très différents: autant tout le film de Scorcese tourne autour de Teddy Daniels, sa psyché, son passé, ses obsessions, autant le Ghost demeure un fantôme: sans nom, sans histoire, sans attaches, transparent. Et je trouve Ewan Mc Gregor très bien dans ce rôle, avec sa bouille de blondinet aux grands yeux bleus délavés - il joue très bien l’homme modeste, humble, dépassé par cette histoire, mais résolu à savoir.



Et comme chez Scorcese, il est question d’île au large de la Nouvelle Angleterre, avec une Dame Nature - cette garce - (nous sommes un peu fâchées aujourd’hui)

une Dame Nature donc (cette garce) très peu clémente. Il tombe beaucoup, beaucoup, beaucoup d’eau. Et nos héros en redemandent, avec leurs petites explorations des environs, à pied, à bicyclette. Voudraient-ils nous refaire le coup de la chemise mouillée?

En tout cas, le traitement de la nature n’est pas exactement le même: chez Scorcese, c’est baroque ; chez Polanski, c’est élégant.

En plus, les deux films commencent exactement pareil, avec un ferry qui arrive droit sur l’écran. Seulement, alors que le ferry n°1 contient Leo, le ferry n°2 ne contient qu’une voiture vide - un fantôme?


Dans les deux films il est question d’isolement et d’enfermement. Bien sûr, il y a d’abord l’île qu’il est difficile, sinon impossible, de quitter. Mais ça va plus loin: chez Scorcese, on a de vraies de vraies prisons, avec des matons, des cellules avec des barreaux, tout ça. Chez Polanski, c’est plus subtil: la maison de Lang apparaît très ouverte, avec ses grandes baies vitrées, mais elle est tout de même entourée d’une grille gardée par des vigiles, et ressemble à une prison (dorée) avec son esthétique contemporaine très froide. Il est difficile d’y entrer, difficile d’en sortir, et en même temps elle sert de bulle à Lang et son entourage ; elle les protège du monde extérieur, un peu comme chez Scorcese. Elle est tout ça: une prison, un bunker, un aquarium.

Tu cherches à nous faire passer un message Roman?


Dernier point commun entre les deux cinéastes que j’évoquerai, mais je suis sûre qu’il y en a encore d’autres, c’est l’anti américanisme. Chez Polanski, pas de détours, le politicien est présenté comme un mauvais comédien au sourire colgatisé manipulé par les Etats-Unis, par les va-t-en-guerre de l’administration B***. Adam Lang = Tony Blair, ok, on a compris. Je trouve ce pied de nez assez culotté de la part de Polanski - comme on dit sur facebook, je «like»!. Et la satire est faite avec beaucoup d’humour, chose assez absente dans le Scorcese.



Donc voilà pour les parallèles entre les deux films, qu'il est impossible de ne pas faire quand on a vu les deux films à un intervalle de quelques heures. C'est finalement assez troublant, et on peut se demander si ça ne révèle pas quelque chose sur nos obsessions à nous.


Pour parler de mes impressions plus générales sur le Polanski, j’ai beaucoup aimé l’humour, qui contraste avec l’atmosphère lourde et oppressante, j’ai aimé le scénario diabolique et intelligent, j’ai aimé la fin absurde qui laisse bouche bée, j’ai aimé découvrir la fin trente seconde et demi avant l’Homme (ce qui n’arrive jamais). J’ai aimé tous les personnages subtils et nuancés. J’ai aimé être tenue en haleine sans toutefois mourir de peur comme dans le Scorcese. Les films à intrigue politique ne sont d’habitude pas mon genre, mais là j’ai accroché.

Mais j’ai moins aimé la minute recherche Google du Ghost - on ne résout pas une conspiration internationale en tapotant des mots-clefs sur Internet. J’ai moins aimé le rythme parfois un peu lent. J’ai moins aimé le personnage de Kim Cattrall, qui mérite tellement mieux que de passer, une fois de plus, pour la pouffe de service. J’ai moins aimé tout le bazar autour de l’affaire Polanski - au final les gens en ont plus parlé que du film lui-même.


Et la question de la fin: c’est quoi cet intérêt de Polanski pour le petit personnel asiatique? Surtout les jardiniers. En particulier ceux qui remplissent des taches absurdes: entretenir un jardin avec de l’eau salée (Chinatown), remplir une brouette avec des feuilles mortes qui s’envolent aussitôt (Ghost Writer).



2 commentaires:

  1. Ce film ne me dit rien, et pourtant tu en parles de manière captivante, comme toujours.
    Je pourrais même approfondir mon propos en disant qu'effectivement, Ewan n'a pas un physique vilain, le coquin.

    J'ai honte.

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  2. Oui mais je l'ai quand meme prefere dans Moulin Rouge, en brun. Il est vraiment trop palot dans le Polanski.Bon ok, de la a cracher dessus..
    Ooooooooooh je t'ai dit que je l'ai vu a Londres??? Je l'ai croise sur un trottoir! Je l'ai vu de loin, mais je ne l'avais pas reconnu. Je me suis juste dit "quelle belle veste", puis "et en plus un petit air d'Ewan Mc Gregor". Et ensuite, quand il m'a regardee, je l'ai vraiment reconnu, et j'en ai eu des palpitations pendant un petit moment. Je te jure, il etait a un metre de moi. Il est vraiment grand, en vrai, et il est super classe.

    Mais je crois l'avoir deja raconte non? (je ne m'en lasse pas)(et je ne m'en suis pas remise)

    Et merci pour ton mot! :)

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